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  • idinant

(S)habiter

Dernière mise à jour : 23 juil. 2023




Quelle place occupe la biopolotique dans la manière dont nous « habitons » et nous « nous habitons » ?

Que signifie être "chez soi"?

Que signifie pour nous prendre du temps à soi?


En lisant le livre “Maison, quand l’inconscient habite les lieux” de Patrick Avrane (2021) lors de la préparation des sessions, me vînt à l’esprit la maison dans laquelle j’ai grandi et d’autres dans lesquelles j’ai passé beaucoup de temps. En y pensant, je me souviens de la manière que l’on avait, ma famille et moi, de les vivre.

Dans un passage du livre l’auteur affirme que : “une maison est une image du corps quand il n’est pas seulement occupé, mais également habité, avec ses qualités et ses défauts, sa beauté et son infamie, chose qui peut être dérangeante pour quelqu’un d’extérieur et être appréciée par les personnes qui y vivent” (pg. 76).


Cette phrase m’a interpellée car, je ne sais pas si vous avez déjà revisité une des maisons que vous aviez côtoyé durant votre enfance, par curiosité, pour faire un voyage dans le temps… si la réponse est que non : ne le faites pas.

Ce n’est que déception… en tout cas, pour moi, ce fût comme ça.


On dirait que les maisons aussi s’habitent, pas seulement nous…

Une fois que les personnes et les habitudes qui les habitent changent ; elles changent aussi.


Cette pensée pourrait rendre évident ce qu’avance Vinciane Despret dans "Habiter en oiseaux" en faisant référence aux oiseaux quand elle traite la territorialisation en caractérisant ce terme par l’appropriation, non dans le sens de posséder, mais au sens de rendre « propre » à soi (2017, pg. 120)


Je me demande néanmoins si c’est vraiment comme ça, ou en tout cas, si la place laissée aujourd’hui par l’ordre social pour que ce genre de connexion avec notre habitat et notre être existe, est suffisante pour que ce type de relation ai lieu.

Pour y réfléchir, il pourrait être intéressant de séparer la réflexion autour d’ « habiter » de celle de « s’habiter ».


Dans le cas d’ « habiter », je pense qu’il est important de se poser la question à propos de la tension possible existant entre comprendre « habiter » comme un acte de possession , depuis la perspective de l’objet , la propriété et celle qui passe, comme l’avance autant Avrane (2021) que Despret (2017), par comprendre « habiter » comme l’appropriation d’un lieu propre à soi. C’est-à-dire du lieu qui vit et respire au travers de ses habitants.

On pourrait croire que la logique du marché et les apparatus de gouvernance qui y sont liés nous oblige d’une certaine manière à penser le souci de soi au travers de la possession, en l’objet, laissant en second plan, voir annulée, la perspective qui fait d’ « habiter » un sujet, le rendant de cette manière propre à soi.


Dans le cas de « s’habiter », il serait pertinent de réfléchir à comment rendre sa virtuosité au temps libre, au temps que l’on se dédie, le libérant du « temps qu’il reste après tout le reste ».

Le temps libre porte une connotation négative et n’est, comme le décrit si bien M. Chollet (2016) dans « Chez soi », que rarement vu d’un bon œil.

Sa stigmatisation sociale nous en prive.

Sa privation nous éloigne de la construction du temps à soi.

De plus, la disponibilité du temps libre est intrinsèquement liée à la manière dont l’on conçoit « habiter » et la valeur « objet » que l’habitat a acquis. En effet, celle-ci requiert d’une charge de travail suffisante pour répondre à la charge de consommation que cette conception porte.

Concrètement, cette charge réduit les plages temporelles que l’on peut se dédier.


Je pense que ces tensions rendent visible les apparatus de gouvernance autour desquels réfléchir afin retrouver la conscience du soi dans ce contexte. Et c’est dans la conscience de soi qu’on retrouve la liberté ; au travers du questionnement des vérités qui nous entourent. C’est aussi dans celle-ci que la distinction entre « habiter » et « s’habiter » pourrait être amené à disparaître, chose qui pour moi ne peut être que positive.

Il sera dès lors important de comprendre et réfléchir à propos de comment naissent les désirs relatif à « (s’)habiter » ?

Comment s’établissent les manières de « s’habiter » ?


Comment, est-ce que les actes d’habiter et de s’habiter se convertissent en ces apparatus spécifiques de gouvernance ? et quelle est leur traduction pour nous.


Il est important de se souvenir que la biopolitique de Foucault doit être comprise comme une manière de guider, de « faire vivre » les populations dans un acte de gouvernance.


Ressources

Chollet, M. (2016). Chez soi. la Découverte.

Despret, V. (2019). Habiter en oiseau. Éditions Actes Sud.

Avrane, P. (2020). Maisons: quand l'inconscient habite les lieux. Presses universitaires de France.

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